Thomas Bonnet, un dameur exigeant

Thomas Bonnet, dameur exigent!
Il y a les travailleurs de l’ombre et les travailleurs de nuit.

Thomas Bonnet fait partie des deux familles. Il œuvre entre 18 heures et 9 heures du matin sur l’espace nordique Val des Prés / Les Alberts, loin du regard des fondeurs endormis, qui profiteront de la qualité de son damage le lendemain.

Enfant du Briançonnais, Thomas a fait le choix de vivre et de travailler au cœur des Hautes Vallées et plus précisément à Val-des-Prés. Menuisier de formation, accompagnateur en montagne, mais aussi photographe, il aime être au contact de nature et de la montagne. L’hiver, il endosse son costume de pisteur-secouriste et de dameur.

Employé depuis cinq ans par le Sivom local, il est aux manettes de sa dameuse cinq nuits par semaine. Des étoiles plein les yeux, il détaille les fonctionnalités de sa nouvelle machine. Cet engin de 240 chevaux possède deux manettes pour piloter et un joystick avec une quarantaine d’options pour « jouer » avec la lame et la fraise. L’un de ses atouts majeurs ? La lame flottante ! Celle-ci permet notamment de ramener de la neige sur la piste, sans aller jusqu’à l’herbe : un outil bien utile par faible enneigement.

Chaque nuit, ce sont près de 70 km que parcourent la machine et son conducteur pour façonner une surface de « skating » et une trace de « classique » optimales. Un travail minutieux, qui soulève moult questions techniques liées à la neige, à la température, à la météo ou encore à la fréquentation des skieurs. Les composantes les plus sensibles de l’hiver sont le froid et les précipitations : Va-t-il geler cette nuit ? Si oui, plutôt en début ou en fin de période ? De nouvelles chutes de neige sont-elles annoncées ? Comment gérer les réserves de neige pour garder des pistes sécurisées et agréables à skier ? Voici le casse-tête quotidien du dameur.

La vitesse de la dameuse est l’un des secrets du travail bien fait. Elle se situe entre 4 et 6 km/h quand la neige est dure, mais peut atteindre 11 km/h, quand la neige fraîche. Toutefois, pour Thomas, l’un des paramètres déterminant pour l’entretien des pistes est l’énergie collective. Il évoque les échanges entre l’équipe de nuit, les dameurs, et l’équipe de jour, les pisteurs, au sujet des conditions observées sur le domaine : plaques de glace, manque de neige, dévers ou virages trop prononcés, etc. Cette coopération est d’autant plus riche et constructive que Thomas et son acolyte, Sonia, possèdent la double casquette de dameur et de pisteur. Cet esprit d’équipe fait la force de l’espace nordique situé sur la commune de Val-des-Prés, avec les hameaux de la Vachette, du Rosier ainsi que celui des Alberts (Montgenèvre), classé au troisième rang des sites nordiques des Alpes du Sud.

Perfectionniste, Thomas est très attaché aux retours des fondeurs sur la skiabilité des itinéraires, afin d’améliorer encore et toujours la qualité du damage. En ce sens, il rappelle également qu’il est important de respecter les horaires d’ouverture de l’espace, afin d’éviter la formation de « fausses traces ». Un skieur qui passe juste derrière la machine, avant que le froid n’ait pu faire son effet et consolidé le travail du dameur, laisse des empreintes qui vont nuire à la qualité du ski des fondeurs du lendemain.

Les seules empreintes que Thomas se plaît à découvrir la nuit sont celles des lièvres, renards, cerfs et autres animaux. Des rencontres qu’il considère comme des moments privilégiés, à l’instar de cette fois où, sur le Pont des Amours, il a vu deux loups. « J’étais avec mon fils aîné de 8 ans, ce fut un instant magique pour nous deux. »

Article et photos : Fabien Dupuis, ambassadeur des Hautes Vallées.


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