Au bois de la chouette Chevêchette

La Chevêchette, la plus petite chouette d’Europe, est si menue qu’elle tiendrait dans votre main. Commune de la Scandinavie à la Sibérie, elle est arrivée dans le sud il y a quelques milliers d’années quand tout le nord était pris dans la glace. Avec le retrait des glaciers, elle a migré en altitude pour trouver des conditions de vie à son goût.

Elle est aujourd’hui présente, mais rare, dans certaines forêts des Alpes. En ce qui concerne les Hautes-Alpes, il y a une population particulièrement concentrée dans le Bois des Ayes, au-dessus de Villard Saint Pancrace.

Cette forêt où le pin cembro domine, est rare en soi. C’est une des plus belles cembraies de France avec quelques arbres vieux de 600 ans. De nombreuses espèces d’oiseaux l’apprécient pour la richesse de ses sous-bois, pour les pignons nutritifs du pin cembro et pour la présence de vieux arbres à cavités. On y compte 87 espèces d’oiseaux dont la Chevêchette et une dizaine d’autres espèces rares.

La petite Chevêchette est un rapace qui mange mulots, campagnols et petits passereaux. Contrairement aux autres chouettes, elle chasse souvent la journée. Mais si on veut écouter son chant, l’aube et le crépuscule sont les meilleurs moments. Elle préfère les forêts ouvertes parce qu’elle détecte plus facilement les proies dans les clairières. Pour ses plans logement, elle dépend entièrement du Pic épeiche car les cavités abandonnées du Pic lui servent de nid. Le Pic creuse de préférence dans des arbres morts ou affaiblis au bois plus malléable. Ces oiseaux ont donc besoin d’un milieu forestier sans intervention excessive de l’homme où les vieux arbres sont laissés sur pied. Dans une forêt exploitée, on fait tout pour favoriser le bois sain. Or, une multitude d’espèces dépendent du vieillissement naturel de la forêt pour leur survie. Les troncs d’arbres creux, secs ou pourrissant abritent tant de petites bêtes et insectes qui sont indispensables à l’écosystème forestier !

La présence de couples nicheurs de chouettes Chevêchette est un indicateur parmi d’autres de l’équilibre de la forêt. Les espaces protégés – parcs nationaux, réserves naturelles et sites Natura 2000 – jouent un rôle important dans la préservation du milieu de vie nécessaire à la continuité de cette espèce ainsi que de bien d’autres qui sont rares ou menacées.

Le territoire des Hautes Vallées comprend plusieurs zones où le milieu naturel et la faune bénéficie d’une protection particulière. Le Bois des Ayes est à la fois une réserve biologique forestière et un site Natura 2000 classé en Zone de Protection Spéciale pour les Oiseaux. Le site N2000 comprend aussi Rochebrune, Izoard et Cerveyrette. Il y a également trois autres sites N2000 : Clarée, Emparis-Goléon et Combeynot-Lautaret-Ecrins. Au-dessus de Puy Saint André, il y a la Réserve Naturelle des Partias qui est, elle aussi, une zone refuge importante pour l’avifaune alpine avec 97 espèces d’oiseaux recensées. Le plus grand espace protégé et celui qui bénéficie du plus haut degré de protection, est le Parc National des Ecrins dont la partie nord touche La Grave et Villar d’Arène. Sur le site web Biodiv’Ecrins, vous trouverez toutes les espèces sauvages qui ont été observées dans le Parc National.

Chacun de ces sites a son lot d’espèces exceptionnelles et de paysages intacts à découvrir. Les Parcs et Natura 2000 organisent régulièrement des sorties faune pour retrouver la trace de la petite Chevêchette ainsi que celles des autres espèces montagnardes.

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